21.

La peau des gens qui habitaient cette petite maison illuminée était d’une étonnante couleur. Leurs cheveux et leurs yeux étaient noirs et leur peau luisait sous la lampe au-dessus de la table. Ils étaient petits, et ils portaient des vêtements aux couleurs vives, rouge, bleu, blanc, qui serraient leurs bras potelés. En voyant Emaleth, la femme se leva et s’approcha de la porte.

— Doux Jésus ! Entre vite ! s’exclama-t-elle en regardant Emaleth droit dans les yeux. Jérôme, regarde-moi ça. Cette enfant est nue comme un ver. Mais regarde ! Dieu du ciel !

— Je me suis lavée dans l’eau, dit Emaleth. Mère est malade sous l’arbre. Elle ne peut plus parler.

Emaleth tendit les mains. Elles étaient mouillées. Ses cheveux trempés masquaient sa poitrine. Elle avait un peu froid mais l’air de la pièce était chaud et réconfortant.

— Eh bien, entre ! dit la femme en la tirant par la main.

Elle attrapa un linge sur un crochet et commença à essuyer les longs cheveux dégoulinants d’Emaleth. L’eau fit une mare sur le sol brillant. Comme tout était propre, ici ! C’était très différent de la nuit odorante dehors, pleine d’ombres et d’obscurité. Cette maison était un abri contre la nuit, les insectes qui piquaient et les objets qui avaient égratigné ses pieds et ses bras nus.

L’homme était immobile et l’observait.

— Ne reste pas là sans rien faire, Jérôme, va chercher une serviette ! Et trouve-moi donc des vêtements pour cette enfant. Où sont tes vêtements, ma fille ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

Emaleth n’avait jamais entendu des voix comme celles-ci. Elles avaient un ton musical que les autres n’avaient pas. Elles montaient et descendaient d’une façon totalement différente. Même père n’avait pas ce tintement dans sa voix. Il avait dit : « Tu naîtras en sachant tout ce que tu dois savoir. Rien ne doit t’effrayer. »

— Soyez gentils avec moi, dit Emaleth.

— Jérôme, va chercher des vêtements !

La femme avait prélevé un gros morceau de papier sur un rouleau et s’était mise à tamponner les épaules et les bras d’Emaleth. Emaleth le lui prit pour s’essuyer le visage. C’était un peu rêche mais ça ne faisait pas mal. Et puis, il sentait bon, ce papier absorbant. Tout sentait bon, d’ailleurs, dans cette cuisine. Du pain, du lait, du fromage. Emaleth sentait l’odeur du lait et du fromage. Il y avait un gros bloc de fromage orange sur la table. Elle en avait envie, mais on ne lui en avait pas proposé.

« Nous sommes des gens d’un naturel aimable et poli, avait dit père. C’est pourquoi on a été si mauvais avec nous par le passé. »

— Quels vêtements ? demanda l’homme en ôtant sa chemise. Nous n’avons rien à sa taille dans cette maison.

Il tendit sa chemise. Emaleth l’aurait bien prise mais elle avait surtout envie de la regarder. Elle était bleu et blanc. Les mêmes petits carreaux que les rouges et blancs sur la table.

— Un pantalon de Bubby fera l’affaire, dit la femme. Va en chercher un et donne-moi cette chemise.

La petite maison était rutilante. Les carreaux rouges et blancs sur la table étaient rutilants. Si elle tirait sur la bordure des carreaux, ils viendraient tous. Ils étaient en un seul morceau. Cet objet était une nappe. Et là, c’était un réfrigérateur blanc avec un moteur derrière. Elle pourrait en actionner la poignée juste en la regardant, si elle voulait. Et dedans, il y avait du lait frais.

Elle avait faim. Elle avait bu tout le lait de mère pendant qu’elle était allongée sous l’arbre. Elle avait pleuré et pleuré puis elle était allée se laver dans l’eau. L’eau était verdâtre et ne sentait pas très bon. Mais elle avait trouvé une pompe à eau avec un grand levier au bord de la pelouse. Elle s’était lavée un peu mieux.

L’homme revint en courant avec un pantalon comme ceux que portait père. Emaleth l’enfila sur ses longues jambes fines et faillit perdre l’équilibre. La fermeture à glissière était froide contre son ventre. Le bouton était froid aussi. Mais ça allait. Sa peau de nouveau-né était très sensible.

Père avait dit : « Tu sauras marcher mais ce ne sera pas facile. » Le pantalon était lourd mais bien chaud. « Rappelle-toi, tu sauras faire tout ce que tu auras besoin de faire. »

Elle glissa ses bras dans les manches de la chemise que la femme tenait devant elle. Ce vêtement était plus agréable. Il ressemblait plus à la serviette dont la femme continuait de lui tamponner les cheveux. Les cheveux d’Emaleth étaient blond doré. Ils paraissaient encore plus clairs entre les doigts marron de la femme.

Emaleth regarda les boutons de la chemise. De ses doigts agiles, la femme en boutonna un. Très rapidement. En un clin d’œil. Emaleth savait le faire. Elle boutonna les autres en un tour de main et se mit à rire.

Père avait dit : « Tu naîtras en sachant. Comme les oiseaux savent construire leur nid, comme les girafes savent marcher, comme les tortues savent crapahuter jusqu’à la mer à leur naissance, alors que personne ne le leur a appris. Les êtres humains naissent inachevés. Ils n’ont pas cet instinct, ces connaissances innées. Toi, tu sauras courir et parler. Et tu reconnaîtras tout. »

Enfin, pas vraiment tout, songea Emaleth. Mais elle reconnaissait l’horloge sur le mur et la radio sur le rebord de la fenêtre. Si elle tournait le bouton, des voix en sortiraient. Ou de la musique.

— Où est ta mère, mon enfant ? demanda la femme. Où as-tu dit qu’elle était ?

— Quel âge a-t-elle ? demanda l’homme à sa femme.

Il était immobile, les poings serrés. Il avait mis sa casquette et attendait une réponse.

— Où est la femme ? demanda-t-il encore.

— Comment veux-tu que je sache son âge ? répondit la femme. Elle ressemble à une grande petite fille. Quel âge as-tu, ma chérie ? Où est ta mère ?

— Je viens de naître, dit Emaleth. C’est pour ça que ma mère est si malade. Ce n’est pas sa faute. Elle n’a plus de lait. Elle va très mal et elle sent la mort. Mais j’en ai eu assez, du lait. Je ne fais pas partie des Petites Gens. C’est quelque chose dont je n’ai plus à avoir peur.

Elle se retourna et pointa le doigt dans une direction.

— Marchez longtemps, traversez le pont et vous la trouverez sous un arbre, là où les branches touchent le sol. Mais je ne crois pas qu’elle parlera de nouveau. Elle va rêver jusqu’à ce qu’elle meure.

Il sortit en laissant la porte claquer derrière lui. D’un pas déterminé, il traversa la pelouse puis se mit à courir.

La femme observait Emaleth.

Emaleth mit ses mains sur ses oreilles, mais c’était trop tard. La porte avait claqué si fort qu’un grondement sourd retentit dans ses oreilles. Il fallait attendre qu’il s’arrête tout seul.

Elle regarda la femme. Elle avait envie de lui demander à manger mais il était plus urgent de partir, de trouver père ou Donnelaith, ou Michael à La Nouvelle-Orléans, selon ce qui serait le plus facile pour elle. Malgré ce qu’avait dit père, les étoiles ne lui avaient rien appris.

Elle se retourna, ouvrit la porte et sortit dans la nuit. Elle fit attention de ne pas claquer la porte. Elle tint le battant ouvert pour la femme. Les grenouilles coassaient. Les criquets chantaient. Des chants dont personne ne savait le nom, pas même père. Tout bruissait dans le noir. La nuit était vivante. Et tous ces petits insectes qui voletaient sous l’ampoule extérieure. Elle les balaya de la main. Ils se dispersèrent puis le petit nuage se reforma, au même endroit.

Elle regarda les étoiles. Elle se rappellerait toujours leur disposition, au-dessus des arbres, à l’horizon. Comme le ciel était noir à un endroit et bleu foncé à un autre ! Et la lune ! Une magnifique lune radieuse. Père, je la vois enfin. Oui, mais pour aller à Donnelaith elle devait savoir d’avance la disposition des étoiles une fois qu’elle serait arrivée à destination.

La femme lui prit la main puis la regarda et la lâcha.

— Comme ta peau est souple ! Elle est souple et rose comme celle d’un bébé.

— Merci pour tout, dit Emaleth. Il faut que je parte. Je vais en Ecosse ou à La Nouvelle-Orléans. Vous pouvez m’indiquer le chemin ?

— Pour La Nouvelle-Orléans, je sais à peu près. Pour l’Écosse, je n’en ai aucune idée. Mais tu ne peux pas partir pieds nus ! Je vais aller chercher les chaussures de Bubby. Elles t’iront certainement.

Emaleth tourna les yeux vers la forêt. Elle vit l’obscurité au-dessus de l’eau, au-delà du pont. Elle se demandait s’il fallait attendre les chaussures.

« À la naissance, ils ne savent pratiquement rien, avait dit père. Et le peu qu’ils savent, ils s’empressent de l’oublier. Ils ne perçoivent plus les odeurs. Ils ne savent pas ce qu’ils doivent manger. Ils sont faciles à empoisonner. Ils n’entendent plus les sons comme tu les entends, ni l’harmonie des chants. Ils ne sont pas comme nous. Ils ne sont que fragments. De ces fragments, nous ferons quelque chose, mais ce sera leur perte. Sois miséricordieuse. »

Où était père ? S’il avait observé les étoiles au-dessus de Donnelaith, elle aurait dû les connaître et savoir à quoi elles ressemblaient. Et elle ne sentait plus la moindre trace de son odeur. Même sur mère.

La femme était revenue. Elle posa les chaussures par terre. Emaleth eut du mal à y enfiler ses pieds. Le cuir écorchait sa peau mais elle savait l’utilité des chaussures. Père en portait et mère aussi. Elle s’était déjà coupée sur une pierre tranchante, dans l’herbe. Ce fut agréable lorsque la femme noua les lacets bien serré, avec de jolis petits nœuds qui la firent rire. Mais les doigts de la femme qui les avaient noués étaient encore plus jolis.

Comme ses pieds paraissaient grands à côté de ceux de la petite femme !

— Au revoir, madame. Et merci. Vous avez été très bonne pour moi. Je suis désolée pour tout ce qui va arriver.

— Qu’est-ce que tu veux dire, mon enfant ? Qu’est-ce qui va arriver ? Mais… quelle est cette odeur ? Qu’as-tu mis sur ton corps ? Je croyais que tu étais trempée à cause du bayou mais il y a une autre odeur.

— Une odeur ?

— Oui, une odeur délicieuse de gâteau.

Ah oui ! Emaleth la sentait aussi. Etait-ce pour cela qu’elle ne sentait plus celle de père ? Elle devait être complètement enveloppée dans cette odeur. Elle porta ses doigts à son nez. L’odeur sortait directement de ses pores. L’odeur de père.

— Je ne sais pas, dit-elle. Mais je devrais savoir. Mes enfants le sauront. Il faut que je m’en aille. Je dois aller à La Nouvelle-Orléans, mère me l’a dit. Elle m’a suppliée d’y aller. Elle a même ajouté que c’était sur le chemin de l’Écosse et que, ainsi, je n’aurais pas à désobéir à père. J’y vais.

— Attends, mon enfant. Assieds-toi et attends le retour de Jérôme. Il est parti chercher ta mère.

Elle appela Jérôme dans le noir. Mais Jérôme était loin.

— Non, madame, je ne peux pas attendre.

Elle se pencha, posa ses mains avec légèreté sur les épaules de la femme et embrassa son doux front marron. Elle toucha ses cheveux noirs et les sentit. Elle lui caressa la joue. Gentille femme.

— Attends, ma chérie.

C’était la première fois qu’Emaleth embrassait quelqu’un d’autre que sa mère. Des larmes lui montèrent aux yeux. Elle regarda la femme marron aux cheveux noirs et aux grands yeux et se sentit triste. Ils allaient tous mourir. De gentilles personnes. Mais la Terre n’était pas assez grande pour les contenir tous. Ils avaient préparé le terrain pour des êtres encore plus gentils et encore plus purs et innocents.

— C’est par où, La Nouvelle-Orléans ? demanda-t-elle.

Mère n’avait pas su le lui dire et père avait omis de le faire.

— Eh bien, par là, je crois, dit la femme. Je n’en suis pas certaine, à vrai dire. C’est vers l’est. Mais tu ne peux pas…

— Merci, très chère, dit Emaleth en reprenant la phrase favorite de père.

Elle se mit en marche.

Elle se sentait mieux à chaque pas. Elle renforça son allure sur l’herbe détrempée, puis sur la route, sous les réverbères. Ses cheveux flottaient au vent, ses longs bras se balançaient.

Son corps était complètement sec sous ses vêtements. À mesure que ses cheveux séchaient, ils étaient de plus en plus légers. Son ombre projetée sur la route la fit rire. Comme elle était grande et mince comparée à ces gens marron. Comme sa tête était grosse. Même par rapport à celle de mère. Pauvre petite mère, allongée sous l’arbre et scrutant les ténèbres. Elle n’entendait plus Emaleth. Elle n’entendait plus rien. Si seulement elles ne s’étaient pas enfuies loin de père !

Mais elle le retrouverait. Il le fallait. Ils étaient seuls au monde. Et Michael. C’était l’ami de mère. Il allait l’aider. Mère avait dit : « Va voir Michael. C’est la toute première chose que tu dois faire. » Ce furent pratiquement ses dernières paroles. Aller voir Michael avant toute autre chose.

Fallait-il obéir à mère ou à père ?

« Je te chercherai », avait-il promis.

Ce ne devait pas être si difficile. Et puis, marcher était si amusant !

 

L'heure des Sorcières
titlepage.xhtml
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html